Arrêtée à son
domicile avec Armand, 10 ans à l’époque, lors de la
rafle du 16 juillet 1942, cette grande et jolie
couturière de 32 ans poussa son fils dans le dos
alors qu’ils allaient monter dans l’autobus qui
devait les conduire à Drancy. Elle lui ordonna d’un
ton où se mêlaient urgence et angoisse : « cours
chez grand-mère » pendant que l’agent de la police
française empochait le gros billet qu’elle lui avait
courageusement glissé dans la main.
Armand prit ses
jambes à son cou, arracha son étoile jaune, et
réussit à s’engouffrer dans le métro.
Il fut plus tard
caché à Compreignac (Haute Vienne) dans une ferme.
Le SS Heinrichsohn
avise Adolf Eichmann, le 27 juillet 1942, par
télécopie du départ à 10 h 30 d’un train de 1 000
Juifs avec « pommes de terre, pain et haricots
blancs pour environ 14 jours ». Hélène Bachus fit
partie de ce convoi n° 11 qui la conduisit à
Auschwitz. Le matin de son départ de Drancy elle
adresse une carte postale à sa famille. Le texte,
poignant, est prémonitoire : je dois vous annoncer
mon départ… une destination inconnue… je vous
quitte en vous gardant dans mon cœur.
Des 1 000
hommes, femmes et enfants déportés
ce jour-là, seuls neuf hommes et deux femmes
survécurent, pas Hélène Bachus. |