Doar Ivri 12

 

 

 

 

 

   

Revue n°12; couverture et sommaire

 

Doar Ivri  n° 12  ; de Drancy à Auschwitz (entretien avec Armand Bachus), page 20

 

Il est impossible d’évoquer la création de l’état d’Israël sans mentionner la Shoah et se demander si la partition aurait été votée alors que l’Europe ne savait que faire des survivants d’un massacre de plus 6 millions de personnes.

Hélène Bachus fut une de ces victimes. Sans doute, chaque famille a son histoire. Il y en a où personne n’a survécu pour la raconter  C’est dans cet esprit que nous souhaitons ici partager avec vous, dans le respect et l’émotion quelques-uns des documents que son fils Armand a bien voulu nous confier.

Hélène Verbun est née le 10 octobre 1910 à Ouman en Ukraine Elle fit la connaissance à Paris de Benzion (Bernard ?) Bachus dont la famille était revenue d’Argentine où le baron Hirsch avait essayé d’installer des familles juives au début du XXe siècle. Ils se marièrent le 5 juillet 1928 à Gentilly. Armand est né à Paris le 29 novembre 1931.

Arrêtée à son domicile avec Armand, 10 ans à l’époque, lors de la rafle du 16 juillet 1942, cette grande et jolie couturière de 32 ans poussa son fils dans le dos alors qu’ils allaient monter dans l’autobus qui devait les conduire à Drancy. Elle lui ordonna d’un ton où se mêlaient urgence et angoisse : « cours chez grand-mère » pendant que l’agent de la police française empochait le gros billet qu’elle lui avait courageusement glissé dans la main.

Armand prit ses jambes à son cou, arracha son étoile jaune, et réussit à s’engouffrer dans le métro.

Il fut plus tard caché à Compreignac (Haute Vienne) dans une ferme.

Le SS Heinrichsohn avise Adolf Eichmann, le 27 juillet 1942,  par télécopie du départ à 10 h 30 d’un train de 1 000 Juifs avec « pommes de terre, pain et haricots blancs pour environ 14 jours ». Hélène Bachus fit partie de ce convoi n° 11 qui la conduisit à Auschwitz. Le matin de son départ de Drancy elle adresse une carte postale à sa famille. Le texte, poignant, est prémonitoire : je dois vous annoncer mon départ… une destination inconnue… je  vous quitte en vous gardant dans mon cœur.

Des 1 000 hommes, femmes et enfants déportés ce jour-là, seuls neuf hommes et deux femmes survécurent, pas Hélène Bachus.

 

 

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